Interview : Prévention COVID-19 secteur sportif “Chaque sportif va devoir optimiser son travail lors des séances”

La crise sanitaire liée au COVID-19 perdure et les habitudes sont bouleversées au quotidien et dans les entreprises. Qu’en est-il de la prévention COVID-19 dans le secteur sportif ? Certaines mesures sont à prendre afin d’éviter la propagation du virus et également rassurer les sportifs et les membres encadrants.

Virginie & Romuald ABADIE, co-fondateurs de C3S Formation, experts en prévention santé au travail depuis 15 ans et ex-athlètes de haut niveau et Pauline TONNELLIER, membre du collectif France de Tumbling, répondent à nos questions sur les mesures à prendre dès maintenant dans le cadre d’activités sportives.

La reprise des activités sportives est autorisée, quelles sont les conséquences du confinement sur les sportifs ?

Romuald Abadie :
Même si les sportifs ont fait de la préparation physique quotidienne, les sollicitations biomécaniques demandées lors du confinement sont parfois loin de la réalité. Il va falloir faire une vraie reprise en tenant compte de leur capital physique.

Virginie Abadie :
La reprise des activités sportives est aujourd’hui autorisée en extérieur pour tout le monde et en salle uniquement pour les sportifs de haut niveau, et ce dans des conditions sanitaires et médicales très rigoureuses. La période de confinement a nécessairement entraîné des modifications de la capacité physique (dans un sens ou dans l’autre). Pour les sports avec une sollicitation musculo-tendineuse importante, après plusieurs semaine d’arrêt, le risque de rupture augmente fortement. Cette période a également pu avoir un impact psychologique qu’il est important de prendre en compte. La reprise est donc progressive sur 4 à 6 semaines et individualisée selon l’activité et le vécu de la période de confinement.

Pauline Tonnellier :
Chez les sportifs, le confinement a principalement eu un impact sur le rythme de vie. Habitués à pratiquer tous les jours en salle et être par la suite restreint à s’entraîner seule à la maison est parfois compliqué à gérer, surtout quand on a l’habitude d’être en groupe. Cela peut également être compliqué de maintenir une bonne condition physique durant cette période. De plus, cette crise sanitaire à repousser toutes les échéances, les sportifs se retrouvent alors sans objectifs concrets, il faut alors tenir bon et garder la motivation. La longue période de confinement ne fait qu’accentuer l’envie de reprendre rapidement. Dans un sport tel que le Tumbling qui se pratique uniquement sur du matériel spécifique, il est impossible de pratiquer seul chez soi. Les sensations que procurent les mouvements acrobatiques nous manquent. Le confinement fait également naître des incertitudes, tant au niveau des échéances que sur notre capacité à revenir au plus haut niveau rapidement.

Quelles mesures doivent être mises en place dans les salles de sport et gymnases pour cette reprise ?

Romuald Abadie :
Les mesures de distanciation sociale seront à respecter bien évidemment. Les autres mesures de désinfection du matériel ou d’interdiction d’utilisation de certaines surfaces (exemple des fosses de réception en gymnastique)

Virginie Abadie :
Les mesures à prendre sont multiples et concernent l’environnement, le matériel, l’organisation et les comportements individuels. Et tous ces critères sont interdépendants. Par exemple, le matériel accessible conditionne la taille des groupes d’entraînement, l’âge des sportifs et leurs capacités à appliquer les consignes influent l’organisation d’une séance,…

Quel(s) rôle(s) ont les coachs sportifs et encadrants depuis le retours des sportifs ?

Romuald Abadie :
Les coachs doivent mettre l’accent sur ces mesures sanitaires et le respect des distanciations, le rôle pédagogique se voit renforcé ainsi que leur responsabilité

Virginie Abadie :
Les coachs sportifs et encadrants sont avant tout des éducateurs au sens large. Ce rôle est aujourd’hui majoré avec l’ajout aux règles de vie sociale imposées par le risque COVID19. L’information sur l’importance des gestes barrières est obligatoire avant chaque séance, mais elle va bien au delà pour instaurer ces comportements dans la vie extra-sportive. Une fois ce rôle prioritaire effectué, le coach sportif doit accompagner la reprise de l’activité en respect de la santé physique et mentale.

Les mesures sanitaires recommandées ne sont-elles pas chronophages pour les sportifs et les membres de l’encadrement pour la performance durant une séance ?

Romuald Abadie :
En cette période de reprise, le niveau de performance demandé n’est pas au maximum, alors oui c’est une autre façon de reprendre le sport, mais il faudra de toute façon s’adapter. Chaque sportif va devoir optimiser son travail lors de chaque séance. 

 Virginie Abadie :
Obligatoirement du fait du respect des protocoles sanitaires, avant, pendant et après l’activité. C’est l’occasion d’apprendre à être efficient dans sa pratique.

 Pauline TONNELLIER :
Les mesures sanitaires demandent beaucoup de temps durant la séance, temps qui n’est alors plus consacré à la pratique. La performance exige de nombreuses heures d’entraînements, elle serait donc obligatoirement impactée.

Les habitudes des sportifs ont-elles changées ?

Romuald Abadie :
Les habitudes de certains sportifs peuvent avoir effectivement changées, il y a en effet pas seulement le sport qui a été modifié mais l’ensemble de leur vie sociale y compris scolaire ou universitaire. Les rythmes imposées par le calendrier aussi bien quotidien, qu’annuel des compétitions seront sans aucun doute de retour dès l’annonce des premières rencontres compétitives. 

Virginie Abadie :
Les situations individuelles sont très variables. Certains sportifs de haut niveau habituellement éloignés de chez eux pour les besoins de leur pratique se retrouvent à effectuer une reprise dans leur cocon familial. Il faut également penser que des sportifs seront contraints de modifier leurs habitudes pour des raisons économiques.

Pauline TONNELLIER :
Il faut voir cette période comme une expérience. De nombreuses habitudes ont dû être modifiées notamment le fait de s’entraîner à la maison. Il a également fallu s’adapter à de nouveaux modes de communications avec les autres membres du groupe et avec les entraîneurs afin de garder un maximum de contact et pouvoir organiser quelques sessions collectives durant le confinement. Il faut également s’habituer à un nouveau rythme de vie, pas toujours évident, puisqu’il est très routinier. Globalement, le confinement a réduit notre activité quotidienne, il a donc fallu s’adapter à de nouvelles habitudes alimentaires afin de garder la forme physique. Cette période fut également propice à la découverte de nouvelles activités.

Anticiper, c’est prendre dès à présent l’ensemble des mesures humaines, matérielles et organisationnelles. Prévenir c’est agir !

 

Virginie et Romuald ABADIE, co-fondateurs de C3S Formation

  • Ex-athlètes de haut niveau
  • Éducateurs sportifs
  • Membres de l’équipe médicale de la fédération française de gymnastique.
  • Masseurs Kinésithérapeutes et ostéopathes.
  • Responsables de programme de prévention chez des sportifs de haut niveau

Pauline TONNELLIER, membre du collectif France de Tumbling

  • Athlète de haut niveau
  • Plusieurs participations aux championnats du monde de Tumbling
  • Étudiante en STAPS – Activité Physique Adaptée
  • Coach Sportive Ouiform

POUR ALLER + LOIN

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